Moi je passe ma vie à remuer
des clés
Qui font un bruit tout blanc
Pareil à la lumière
Qui pend
Des réverbères enrhumés
Moi je passe ma vie à agiter des clés
Et dans mes rares moments de réflexion
J'épaissis la poussière qui obscurcit
mes chaînes
Moi je passe ma vie à faire sonner mes chaînes
Je suis celui qu'on ne viendra plus voir
Celui qu'on ne voit pas s'agiter dans l'automne
Moi je passe ma vie à me cacher mes chaînes
Moi je passe ma vie à essayer des clés
Je vois la femme en cendre
Descendre le vieil escalier
Sa lèvre est déchirée
Ses rêves ont la couleur
de son bouquet fané
Je vois l'homme
L'homme fort
Il grimpe l'escalier en chantant des obscénités
Il ne voit pas la femme en cendre
L'escalier l'homme fort la femme en cendre
sont
dans
la maison que j'ai à jamais quittée
Je n'ai
jamais revu cet enfant silencieux
Qui se lavait les yeux
La nuit
Dans les rivières
Je ne l'ai pas revu
Et ses amies les pierres
Ne m'ont rien dit tout bas
Il est près de la mer
Il s'est crevé les yeux
Il sort la nuit dans les clairières
Et tisse avec ses paupières
Des paniers pour les sourds
Comme nid j'vous jure on fait pas plus rigolo
Il sent un peu mauvais because l'oiseau cinglé
Qui l'a architecturé
S'a servi que des crins d'un canasson crevé
Dedans j'croyais qu'avait rien
J't'enfous
C'fumier d'oiseau i' m' y avait planqué
Trois écrous
Trois j'te dis
Qui c'est qui va les couver?
L'absurde
Mes cocos
J'vous assure
C'est pas ça
C'est moins dur
Plus plat
J'ai éclaté de rire le long des maisons
Où habitèrent mes amours pâles
Des foulards, des corsets fleurissaient les fenêtres
Mais nulle n'apparaissait et je me sentais las.
Que me sert de courir
J'aurai toujours vingt ans
Et toujours mes chemins me ramèneront
Près des fenêtres noires
Où nulle n'apparaîtra
D'herbe noire
J'avais cueulli des fleurs pour traverser la mer
Mais j'ai dormi près de l'étang
Au milieu des chevaux
Et l'amour emprisonne mon bouquet d'herbe noire
Je suis maintenant étendu sur le sable
Je ne pars plus
Je suis un petit aveugle
Et j'ai tout un coucher de soleil sur les jambes.
L'hiver mes doux enfants est en nous oui en nous
Cette cul de buée
(sur cette fumier de vitre)
M'empêche de voir ces grands cons d'arbres.
Un mot est tombé
Dans la mer
Il n'a pas fait de bruit
Mais je sais qu'il grandit
Qu'il grandit dans ma nuit
Et que j'irai un jour dans mon île
Incognito solo
Et sans prendre le bateau
Moisson
Dans un champ de blé
Avance une chevelure
Qui lui ressemble
Celle qui la porte
N'a d'yeux que pour les oiseaux
Qui fuient à son approche
Et moi
Je ne vois qu'elle
Le vent seul
Fait ce qu'il est
Ce qu'il veut
Le vent qui fait commerce à la criée
D'herbes noires
Et de pierres brûlées
Une MOUCHE est entrée dans le monde
Quand je dis " archiviste du vent", je parle non de titre honirifique mais de fonction.
Il me faut préciser ce pendant qu'étant déjà - et de longue date - affecté à la Poussière, les multiples tâches que cela implique font que je ne suis mis à la disposition du vent qu'à titre de vacataire.